Le Manque...

Publié le par L.

En ce moment, je suis en pleine réflexion autour du manque, du vide intérieur que l'on peut parfois ressentir. Cette sensation, je la connais depuis quelques années, et j'ai depuis que je la sens, essayé de lutter contre, ou de remplir ce "trou" intérieur...

Il y a deux choses que j'ai voulu mettre dans ce trou. La première c'était l'amour de l'autre. J'ai cru longtemps que l'autre pouvait me remplir d'amour, de joie, de bonheur. Que c'est par l'autre, cet amoureux, cette amie, que je pourrais trouver un réel sens à ma vie; Je suis donc rentrée dans des amours passionnels, fusionnels, qui me donnaient parfois la sensation d'être pleine. Mais cela ne durait que peu de temps, et j'étais rapidement en manque. L'autre m'arrachait sa part, et je me retrouvais vide, encore plus vide qu'avant... Une dépendance sournoise, qui me faisait passer d'un amour à un autre, juste pour ne pas me sentir vide, en manque. Et je l'étais, car c'est le propre de la dépendance : en manque perpétuel, car j'entretiens ce manque.

La seconde c'était de la nourriture. Facilement à portée de mains, toujours présente, j'ai commencé ainsi un parcours de boulimique chronique. Dés que le vide était là, dés que j'étais en manque de quelque chose ou quelqu'un, hop, je remplissais par du chocolat, des biscuits, du saucisson... en fait, tout ce qui pouvait être à là, pas loin de ma main... Mais le vide n'a fait que s'accentuer, le trou n'a été que nourris, et donc a pris de l'ampleur... J’essayais de le combler par une solution qui l'entretenait... j'ai mis quelques années à me rendre compte de l'absurdité de ce rituel, de ces gestes.

Puis, j'ai commencé un chemin de guérison, chemin pas toujours évident, où j'ai d'abord visé la sortie de ce comportement qui aujourd'hui n'est plus dans ma vie. J'ai donc crapahuté, glissé, avancé, reculé parfois, pour essayer d'aller toujours de l'avant. L'avant était de trouver l'équilibre parfait dans le remplissage de ce trou. Après tout, dans les discours ambiants des thérapeutes, le bonheur se trouve en soi, donc forcément, ce qui allait remplir devait se trouver en moi.....

Ce discours, je le connais parfaitement, puisque je le tiens aussi. Il me parait évident que le divin est en nous, que ce bonheur, cette joie que l'on cherche en permanence, est en nous, profondément en nous. Mais quelle frustration et violence lorsque le vide se fait angoisse. Lorsque le manque devient béant et que l'on n'arrive plus à rien contrôler. Et j'ai sombré, maintes et maintes fois, retombant toujours dans cette terrible culpabilité de ne pas y arriver, de pas réussir, de pas comprendre. Les mots internes accentuent le mal-être, la béance devient violence. Malgré tout, on essaie encore, de se remplir de Divin, de trouver le bonheur, en soi.

Je ne peux pas dire que je n'y suis pas arrivée. Aujourd'hui, je me sens en paix, et je sens la joie en moi, comme une évidence. Dans les moments difficiles, au creux des expériences sombres que je peux vivre, je sens toujours en moi, cette joie profonde, et je me sens heureuse. Comme un socle permanent. Là, présent. Je porte en moi, cette joie, ces rires, et cela me fait du bien...

Et pourtant cette sensation de manque, cette sensation de vide, est parfois là, juste là, tapis dans l'ombre, un peu sournoise. Je me sens heureuse ET en manque de quelque chose. Et aujourd'hui je pousse ma réflexion sur cette idée de manque. Heureuse et en manque. Consommer, quelque soit la consommation, ne me remplit pas. Alors quoi? comment? quoi aller chercher pour me remplir?

Et une idée m'est venue, avec évidence, lors d'une promenade en Avignon, en pleine nuit. L'odeur de la foule joyeuse me parvenait, des rires, des excès de consommation autour de moi. Je me baladais, avec cette sensation de manque. Heureuse, et en manque. Joyeuse et en manque. Et là, j'ai commencé à jouer, à jongler avec cette sensation. comme si ce vide n'était en fait qu'une énergie. Et tout d'un coup, ce fut la révélation. Cette sensation n'était plus un trou, mais un plein. Un plein d'une énergie que je ne connaissais pas. Un plein d'une envie de faire, que je ne connaissais plus. Et si c'était là, la clef? J'ai joué, jonglé, et je me suis rendue compte que pendant quelques instants, la sensation de manque n'était plus. Je n'avais qu'envie de faire. Non pas de consommer quelque chose, mais de faire des choses, de créer des choses. Comme si j'avais libéré en moi une énergie puissante... J'ai rapidement fait le lien avec l'idée de libido et de sublimation. Et si la réponse était là? Et si, au lieu de combattre le manque, je cherchais à le sublimer? à en faire l'énergie la plus puissante qu'il y aura en moi? Alexandre Jollien disait il y a peu lors d'une interview sur France Inter, que nous avions besoin du manque pour avancer. Je comprends cette phrase aujourd'hui, avec évidence. L'énergie du manque devient alors un moteur puissant pour avancer, pour créer. Et tout se transforme en moi. Ne serait-ce que parce que je laisse tomber enfin le combat intérieur, contre cette part de moi. Je sais qu'il y a tout un tas d'étude en quantique autour de l'énergie du vide, qui serait une grande puissance de manière concrète. Je me dis que c'est la même chose intérieurement : libérons l'énergie du vide, du manque, pour se sublimer !

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Publié dans Pensées

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